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Michelle Dayan

Soirée de ventes aux enchères au profit de L4W

Le 30 septembre dernier s'est déroulé, à La Rochelle, une vente aux enchères organisée par l'entreprise de brocante en ligne Legend Factory. La soirée, animée par Marie Blanche, Alain Chappuis et Serge Avril comptait comme invitée d'honneur Laura Flessel, ancienne ministre des sports et quintuple médaillée olympique.





Vous trouverez ci-dessous, le discours d'ouverture de la soirée de la présidente de l'association, Michelle Dayan :


Elles s’appelaient Pascale, Jani, Gloria, Shinez, Karine, Sarah, Rosa, Iraida, Doris, Sandra, Magali, Muriel, Stella, Fatima, Jennifer.


Elles ont été décomptées, nommées, pleurées, tuées parce qu’elles étaient femmes, assassinées parce qu’elles étaient leurs femmes.


Si l’on observait une minute de silence pour chacune d’entre elles, 88, les portes de ce lieu seraient déjà closes avant que nous ayons pu terminer notre hommage silencieux.


Une minute de silence pour des heures, des jours, des années, parfois des décennies d’insultes, de coups, de menaces, de terreur, d’amour violé, de vie volée, de dignité oubliée, de honte, de silence. La violence conjugale débute dans un silence assourdissant, enfermée à l’intérieur du foyer, d’elle-même, et s’est terminée pour 88 d’entre elles cette année dans le silence de cette minute que l’on observe. Ce n’est pas le silence qui sauvera Laetitia, Nicole, Leila, Sonia, Nathalie, celles qui ne parviennent pas à partir, celles qui sont parties puis revenues. Non ce n’est pas le silence qui les empêchera de rejoindre le cortège funeste des 88, ce n’est pas le silence, c’est la parole et la Justice, la Justice et sa grande sœur, la Loi. la Parole, la loi, la Justice qui ont le pouvoir de remettre ce monde à l’endroit, ce monde où la victime a trop longtemps été la coupable.

L4W est née il y a deux ans, après une gestations de plus de 20 ans de nos exercices professionnels comme avocates, policières, magistrats.


Carole, Khadija et moi avons écouté, entendu, accompagné des centaines de Laetitia, de Nathalie, de Sonia dans nos cabinets d’avocates. Audrey a pris la plainte de milliers de Stéphanie, de Leila au sein du commissariat du 12ème arrondissement de Paris.


À la faveur de ces décennies, des heures souvent aveuglées par la souffrance des victimes et l’impuissance des acteurs de la Justice, notre seule boussole a toujours été la Loi, celle qui sépare la violence de l’amour, la vie de la mort.


Nous nous sommes intéressées non pas à la photographie de la scène du crime, mais au film qui s’est déroulé avant cette scène funeste pour 88 d’entre elles. Ce film et ses dysfonctionnements : ceux de la Loi mais aussi et surtout de l’application de la Loi : car la Loi en France est presque parfaite , c’est son application qui pose difficulté.


La lutte contre les violences faites aux femmes est une chaîne, et si un des maillons de cette chaîne dysfonctionne, c’est toute la chaîne qui se brise.


La spécificité de L4W , ce qui la distingue des autres associations ayant le même objet, toutes utiles, c’est qu’elle est composée de juristes, en pluri-professionnalité : avocats, magistrats, policiers, étudiants en droit qui réfléchissent, proposent, et agissent pour améliorer le dispositif législatif, veiller à son application effective par tous les acteurs de la chaîne judiciaire, au moyen de formations aux avocats, policiers, d’actions de sensibilisation (procès fictif extrait), en France et à l’étranger (au Mexique : création de cliniques juridiques, d’une application violences smart phone, d’un DU sur les violences, projet en cours de mise en place d’un bus de la Loi pour que le droit aille vers ses femmes qui ne viennent pas au droit).


Nous mettons en place des permanences à l’hôpital public mais aussi dans les entreprises privées dans vos entreprises : pour ces femmes enfermées à l’intérieur de leur foyer, d’elles-mêmes, souvent surveillées, en hyper vigilance permanente, leur lieu de travail est leur espace de liberté, de dignité retrouvée et donc d’une parole qui se libère auprès des collègues.


Lorsque Jérôme m’a contactée, c’est le chef d’entreprise qui m’a parlé, de ces entreprises humaines, les vôtres vous qui êtes là ce soir, ces entreprises qui sont le lieu de toutes les solidarités et de toutes les humanités, le lieu sûr de ces femmes qui n’en ont plus.


L’idée de Jérôme au-delà d’être séduisante, enthousiasmante et profondément humaniste, à son image, est pragmatique, efficace, exactement ce dont nous avons besoin pour lutter contre ce fléau.


Nous avons besoin de vous, pour mettre en œuvre les projets de L4W, les financer et en particulier :


· La création d’un réseau d’avocates et avocats excellemment formées sur tout le territoire (car on est frappées, violées, tuées sur tout le territoire), formations dispensées par L4W : avocats pouvant intervenir dans vos entreprises, pouvant être mis en lien avec les victimes via le portail du ministère de l’intérieur dont Audrey va vous parler.


· L’embauche d’un permanent, sans lequel L4W ne pourra pas se développer et amplifier ses actions malgré l’énergie exceptionnelle de ses membres (nous sommes toutes et tous bénévoles et avons notre activité d’avocates, de policières, de magistrats que nous ne pouvons pas abandonner et qui sont indispensables pour ne pas perdre le contact avec la réalité du terrain de ces femmes victimes de violences).


· Le maintien de nos permanences dans les hôpitaux, de formations des soignants pour détecter la violences conjugale, de nos interventions dans les lycées, collèges, et de nos formations auprès des policiers, magistrats, avocats.


Paul Ricoeur écrivait que « la violence, c’est la destruction par un autre de la capacité d’agir d’un sujet ».


Un sujet qui devient objet.


Par vos dons, vous ferez de chaque objet aux enchères ce soir, un moyen pour Laetitia, Leila, Nathalie et toutes les autres de redevenir un sujet, de droit.


Je vous remercie

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